samedi 26 novembre 2011

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Il aimait le cinéma expressionniste muet
Pasolini
et Micromégas de Voltaire...

Le ciel avait déserté la terre. Nul n'osait souffler mot. Parfois, une éternelle rengaine brisait le silence. Son insoupçonnable origine ne faisait qu'accroître l'irritabilité individuelle. La vue baissait: la lumière du soleil était trop vive. Gaspard avait bien expérimenté toutes sortes de lunettes mais inutile! 
La plaine étroite ne permettait aucun débordement affectif. Chaque geste était précis, enregistré, presque nié. Pourtant un bonheur faux était d'augure en succédané de peines et désespoirs. Quelques étrangers nommaient ce lieu: "l'île des morts". Ses habitants ne pouvaient partir, réfléchir, apprécier. Ils ne connaissaient pas ces mots et Gaspard, seul légataire de dictionnaires se gardait bien de leur en révéler le sens. Lui-même y accordait peu d'importance sauf pour deux mots qui le tournaient en bourrique:"amour" et "variation". Il ne faisait aucune différence; aussi, associait-il ces écueils sur les partitions de musique avec gourmandise. Les risques étaient moindres et il riait souvent seul, en connivence avec son âme.

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