mardi 31 janvier 2012

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Le beau vaut le laid.
Irriguant la source, elle putréfie l’eau. Elle lui donne une odeur âcre, néfaste à respirer. Elle vous étouffe sous le soleil, libérant des vapeurs sourdes, pénétrantes. Je me baigne dans ses bras qui m’enlacent, m’emprisonnent quand j’essaie de nager. Je suis prise dans le vert. Je suis verte. Mes cheveux se mêlent aux algues.
Je renonce et regagne le sable. Trop loin l’eau, la mer.

lundi 30 janvier 2012

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Jacques m’a dit que je ne dois pas le regarder comme ça, que je dois marcher loin de lui.
Que ça ne se fait pas de le dévisager, que ce n’est pas poli, que je l’empêche de suivre ses idées, que je l’empêche, c’est tout !
Laisse-moi tranquille, que je n’ai pas le droit.

(à propos de E. Munch).

samedi 21 janvier 2012

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Des yeux qui vous retournent comme le vent, les vagues et le roulis.
Une rupture de notes, de la gravité dans les gestes, de la lenteur dans les mots et un éclat de peur.



Je reviens le 30 janvier, même lieu, presque même heure...

vendredi 20 janvier 2012

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Majestueusement parée d’une étole pourpre, elle s’est avancée vers le milieu du trottoir.
Elle a ajusté sa jupe longue en se penchant avec grâce, une fraction de seconde, tout en accompagnant ce geste d’un regard circulaire, attentive à la moindre attention sur elle.
Elle fut vite rassurée. Et pour s’en convaincre, elle lâcha son sac comme par inadvertance. 
Un passant ne recula pas devant le danger et traversa en hâte la rue qui les séparait pour lui offrir son aide. Elle le remercia sans un mot mais avec une dextérité qu’il garda en mémoire longtemps après l’avoir quitté.
Elle remonta la rue comme une reine, protégée du soleil par des platanes centenaires robustes et élégants à la fois. Elle promenait sur tout un regard plein de bienveillance, de sérénité. On ne décelait pas tout de suite  le vacillement dans son allure, un léger tic dans les muscles faciaux. On était subjugué, prêts à la suivre jusqu’au bout.

mercredi 18 janvier 2012

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Souvent perdu, agacé de ces emballements qui disent trop l'appétit, la soif.
Lui qui se satisfait de peu, de la lumière qui s'interrompt puis reprend peu après.

mardi 17 janvier 2012

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Il est près de la porte. Il marche vers la cheminée. Il met ses pieds dans la largeur des lattes du parquet. Ça ne se voit pas. Je le sais, je le connais.
Il vient vers moi, le bras levé, vaguement menaçant. À ma hauteur, il décroche un sourire, me prend dans ses bras. Fier de lui.
Je l’écarte. Il tombe. Il ne bouge plus, parcourt la pièce du regard. Il se met à tourner comme une toupie. Il prend appui sur ses bras et saute. Il attrape le lustre qui résiste quelques secondes et cède.
Je ris. Ses cheveux, ses yeux, le haut du corps recouvert de verre, de plâtre…
Je lève la tête et inspecte le trou béant. J’aperçois le sol au-dessus, du parquet encore.
Je ferme les yeux. Je lance une plainte sourde. Je l’imagine qui se lève, approche. Il pose sa bouche sur la mienne. Il étouffe la plainte.

lundi 16 janvier 2012

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C’est dans cette mer qu’il va se noyer. Pour l’instant, il flotte. Il ne sait pas nager. Ce n’est pas la peine, l’eau est tellement salée, qu’elle le porte.
Il tend sa tête en arrière pour bien raidir le corps et être à fleur d’eau le plus possible. Il regarde le ciel. Il fait beau mais l’atmosphère est étrange comme un cocon. Il écoute, ne pense à rien, sent un frétillement le long de sa cuisse. Il cherche et attrape doucement un poisson minuscule, noir avec des nageoires très découpées, gracieuses. Il referme sa main et se rapproche du bord. Il avise un sac plastique qu’il avait emmené, le remplit d’eau, enferme le poisson.
Il se rhabille, fait glisser le sac sur le sable sans s’en rendre compte. Le poisson s’en échappe. Il le rattrape à temps et retourne vers la mer pour remplir de nouveau le sac.
Le vent se lève, tout devient gris. On ne voit plus l’enfant, seule la surface dormante de la mer, les vagues qui viennent calmement lécher le bord de la plage.

dimanche 15 janvier 2012

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Après, nous n'étions plus que deux. Les lampadaires éclairaient une station de bus. Nous étions assis, recroquevillés dans l'attente. Deux, trois quidams attendaient, se dirigeaient vers nous. Apostrophes, menaces. Nos têtes rentraient dans le sol. Puis, viens, on s'en va. Tant pis, on rentre à pied.
L'espace se distend entre nous jusqu'à plusieurs mètres. C'est sûr, on va se perdre l'un à l'autre.  Se retrouver ici, fatigué, épuisé, au bord des insultes, va moins vite... 
Quelque chose se tisse entre nous, indélébile

vendredi 13 janvier 2012

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Craquements,
Claquement de la voile,
Bruissements,
Grincements, 
Hurlements de la houle,
Coups sourds des vagues contre la coque,
Léger bruissement de la pluie fine pour l’instant,
Aspiration des éléments entre eux,
Disparition de l’horizon,
Une grande masse liquide aux lueurs éparses, 
fulgurantes dans le blanc, le gris, le noir.

jeudi 12 janvier 2012

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Elle a compté le nombre de ses pas et puis, elle a fait un bond en arrière. Ils n’ont rien remarqué.
Elle a recommencé une fois. Et elle a esquissé un pas de côté. Ils ont alors mis le disque en route. Elle a attendu quelques secondes, paniquée. Elle les a toisés et s’est lancée.
Elle s’est enroulée sur son propre corps, elle a pensé fortement à ce danseur et les gestes sont venus tout seuls. Elle ne savait plus ce qu’elle faisait, et c'était une grâce. Puis, elle s’est écroulée et même ça, c’était beau, juste après la tension des mouvements.
Je ne sais pas s’ils le garderont cet affaissement, cette rupture de la force, ce corps qui s’écroule et qui signe la beauté de toute perfection.

mercredi 11 janvier 2012

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Ils ont 6, 8 et 9 ans. Ils jouent à se tuer. Ils se pourchassent armés d'épées en bois, en plastique. Un revêt une armure. Ils scandent des phrases, toutes faites de fureur, de menaces entrecoupées de cris d'agonie. Pour se relever dans la seconde, plein d'une énergie invincible. Ils rient, crient, pleurent aussi, s'insultent.  Puis, ils passent à autre chose.

mardi 10 janvier 2012

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les corps se lèvent
il emboîte le pas
elle est déjà ailleurs
il la nomme
étonnée volte-face
les yeux se jaugent
les mains se touchent
indifféremment
elle n’ira pas


dans la rue
dans son dos occupé
fuir rapidement
pas de risques d’être rattrapée
le corps grand
l’attitude concentrée sur le but
500 m plus loin
touchée en pleine tête
pour longtemps



lundi 9 janvier 2012

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un visage en face
des yeux qui s’esquivent
une parole qui ne parle que de soi
des regards distraits
et puis le piège
il faut lui répondre
regarder en face
plus de deux minutes
la question le touche


les corps se lèvent
il emboîte le pas
elle est déjà ailleurs
il la nomme
étonnée volte-face
les yeux se jaugent
les mains se touchent
indifféremment
elle n’ira pas

vendredi 6 janvier 2012

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Elle a une tempête dans la tête. Elle jette des yeux hagards sur le paysage qui l’environne. Elle scrute le ciel, les gens. Elle se prend les pieds dans tout ce qui traîne à force.
Elle tend vers moi deux doigts. Je ne sais pas si c’est une invitation. Je me rapproche doucement pour anticiper ses réactions. Je prends le bout des doigts et la jette à terre. Elle me regarde surprise. Je lance un rire un peu théâtral. Elle est rassurée : on joue le même jeu maintenant.
J’invite son mari à nous rejoindre. Elle a peur. Son visage est blême, elle manque de s’évanouir au sol. Il s’agenouille, lui dit de se mettre debout seule. Elle rampe pour lui échapper. Il lui barre le chemin de tout son corps allongé. Elle esquisse un vague sourire, elle passe dessus tel un serpent. Il attrape ses cheveux, tire avec force. Elle crie plus de surprise que de douleur. Elle se lève, lui tend la main qu’il saisit immédiatement. Et lâche l’étreinte au moment où il prend appui sur elle. Elle s’éloigne.

jeudi 5 janvier 2012

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Malheureusement, il va falloir regarder ailleurs. Il faudra veiller le petit pendant ce temps. Il vaudra mieux attendre quelques instants dehors. Recevoir quelqu'un par exemple, dire quelque chose pour ne pas éveiller les soupçons. Et surtout, être prudent après, longtemps. Se coucher tôt, sortir la nuit, mettre ses pieds dans les traces déjà faites. arracher les toiles d'araignée, que tout soit propre, ordonné mais pas trop non plus. Que ça ait l'air naturel. Voilà, c'est tout! Ça devrait aller tout seul.

mercredi 4 janvier 2012

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Jamais pourquoi rien n’est dit entendu versus
Vanité change castra regardes dehors et reviens
Charges la machine tourne vas t’en et ne te retournes pas
Oublies vas ta route ne mens pas tout le temps
Écris comme tu danses  sur la ligne
Reposes tes yeux bouges-moi et roules.

mardi 3 janvier 2012

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Une ruelle imbriquée dans la masse.
Quelques inondations de couleurs, de désespoirs latents.
Elle ne regardait pas devant elle mais loin derrière.
Une bouche un peu accusée, des yeux virevoltants sous les flammes,
une absence manifeste à elle-même, le regard dans le vague,
très loin, inaccessible.

lundi 2 janvier 2012

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Non qu'il déteste les autres, il aime à se mêler à eux dans l'attente, le calme, la ferveur, les cris épars, ceux qui éclatent, impatients.