lundi 30 avril 2012

...





 

La pensée retombe.
Le chagrin déborde.
La litanie rattrape.
Le luxe navigue.
Le bien-fondé ajuste.
La prunelle brune.
Le piano absent.
L’ennui en surface.
Le grenier vide.
Le départ pas fixé.
Le suspens.

dimanche 29 avril 2012

...





 

Il pleut sur le lit. Il dort encore. La bâtisse s’allonge jusqu’au bord de la falaise. Le jardin est tombé dans les flots. Il n’a pas peur. Il n’a pas froid, il s’est enroulé dans une bâche. Il ouvre les yeux, cherche la fuite. Il entend un cargo annoncé son départ. Il est posté tout en haut dans la cabine immense. Il voit le ciel noir au loin. Il n’a pas le choix, l’escale a déjà été trop longue. Il verra selon.

samedi 28 avril 2012

...





 

La gène dans les visages quand ils sont au plus près juste avant le premier baiser, celui qu’on ne sait pas encore comment amorcer sans tomber à côté, sans un quiproquos humiliant, sans défaillir. On regarde le temps qui nous sépare avant le basculement, des secondes de profonde tendresse, d’humilité, d’attention extrême. L’autre avant qu’il ne soit englouti.

vendredi 27 avril 2012

...





 

Une île de jardins et de roches. Une île du sud et du nord. Une île de silence et de plaintes éloignées. Une île de chemins et de routes qui se perdent. Une île de taiseux. Une île de vacances et d’hiver. Une île que l’on quitte le cœur lourd. Une île d’enfermement et de fuites. Une île d’aventure et de mystère. Une île de la nature incarnée et de la civilisation vaincue. Une île de protection et d’audace. Une île pour moi et pour les autres aussi.

mercredi 25 avril 2012

...





un temps certain rebroussé dans le creux du fossé
un temps à arpenter sans fin les alarmes
un temps de lièvre rattrapé par l'effet de surprise
un temps de retrouvailles perturbé par la gangrène
un temps d'absence, de fuite, de vagissements
un temps harmonieux de félicité empêchée par des hoquets
un temps de grâce, de plénitude, de vacheries aussi
un temps lieu où se réfugie mon âme.

lundi 23 avril 2012

...





Elle est entrée. Le couloir était obscur. Les pièces sur rues immenses, les murs sales, les fenêtres très belles ne s'ouvraient pas. On entendait à peine les va-et-vient du tramway en face.
Les chambres donnaient sur cour. On avait bricolé un drôle de corridor pour éviter d'en traverser une pour rejoindre l'autre, à la petite semaine.
Il était vide. Il y vivait une famille à même le sol. Près d'un matelas jonchaient deux jouets.

vendredi 20 avril 2012

...





cette rengaine qu'elle lui chantait au creux du soir
cette vision si large qu'elle s'y perdait
cette brume tenace qui voyageait dans ses rêves
cette lenteur du chien assis à ses côtés
cette manie de tout décrire même ce qu'il ne pouvait apercevoir
cette variété de fruits qu'elle aurait voulu toute
cette vache qui refusait tous les soirs de rejoindre l'enclos
cette attache au pays de la fin de ses jours
cette nuit blanche qui se répétait et il s'habituait à ne plus la redouter
cette vacance, ce déni, cette turbulence, ce don.

jeudi 19 avril 2012

...





 

Arrêt du vaisselier, charge dépassée, mis à la norme, remplacement imminent, mis au placard.
Alternance, changement délicat, vaisselle sous pression, "niquel", langueur, interruption.
Arrachage des conduits, progression constante de la pertinence, mis en route alternée. 
Remplacement.

mercredi 18 avril 2012

...





 

Elle n’en mène pas large. Elle se figure qu’elle va tenir. Elle jette un regard effrayé, animal. Elle est pas fine, elle perd. Elle recule. Elle tombe.
Je l’observe dans sa chute. Elle se débat, les yeux révulsés par la peur. Je scrute l’horizon, je m’éteins. J’ai sauté juste après.

mardi 17 avril 2012

...





 

C’est une longue courbe. La route est défoncée, des ornières qu’on ne sait plus comment éviter avant de faire marche arrière. Les ibis prédateurs d’autres espèces survolent le marais battu par la tempête. Une homme grand marche sur notre route, la clef de sa voiture pointée vers l’extérieur dépasse de sa paume. Marcher encore quelques centaines de mètres. Ne pas oublier les courses au retour. Le désoeuvrement.

lundi 16 avril 2012

...





 

Il m’accorde juste le temps de fermer ses paupières. Il attend ce qui doit arriver bientôt, dans quelques minutes, il ne sait pas bien. Il est tranquille, relâché. Il observe ma bouche qui marmonne des bêtises, mes yeux qui essaient de rire, mes doigts qui s’agitent dans ses cheveux. Il est doux. Il me fait signe d’un au revoir et me dit : maintenant !

dimanche 15 avril 2012

...





 

C’est un peintre. Il dessine des petits formats, des intérieurs très détaillés où s’incrustent des personnes totems dans les murs, souvent. Des hommes, femmes qui nous regardent les regarder.
Des bâtisses elles aussi réduites à une forme simple qui scinde le paysage plat autour. Quelques arbres.
Il est du siècle passé, mort dans les années 70, exposé un peu. On imagine un exercice utile comme le ferait un muet, en dessin et non en mot. Traduire le monde où nous sommes, dehors et dans la tête.

à propos de James Castle.

vendredi 6 avril 2012

...





 

Minuit au sol
Ratiboisé les enchevêtrements
J’vais crever
Narquois il me déchiffre
Jamais seule
Marchons un peu
Manipulation fétide
Pourrie sa vie
Mal
Mauvaise planque
Château lointain ouvert transpercé
Ravie de sa mine
Bille tu tues
Plane au vent.


je m'absente une semaine.

jeudi 5 avril 2012

...





 

Ce sont des garçons et des filles. Ils ont quinze, seize ans. Ensemble, c’est tout.

mercredi 4 avril 2012

...





 

Ils sont vingt, un peu plus un peu moins. Ils se connaissent depuis le collège, l’école aussi pour deux, trois. Ils se retrouvent dans la cour, au self, aux fêtes, dans les rues, sur le parking. Ils marchent ensemble, en petits groupes, détachés, agglomérés. Ils rient, s’esclaffent doucement, ils regardent, se regardent aussi lentement. Certains se détachent au fur et à mesure de la progression dans une autre rue, dans une autre ville. C’est assez rare. 
Les dehors les jalousent un peu ou s’en moquent. Une force fraternelle.

lundi 2 avril 2012

...

la rivière gonflée et noire
le calice plein d'orgeat
les lèvres brillantes de sucs
la nappe rouge tombée sur le côté.

dimanche 1 avril 2012

...





 

Perpétuellement en attente rattraper les emprunts renâcler à saisir varier les confusions mentales choisir le labeur gifler le va-et-vient des doutes asseoir sa peur tranquille s’allonger dans l’eau grise entendre la brise haché par les épines jouir du repos sensible dormir sur le fil entendre et insérer dans le sommeil léger.