mardi 15 novembre 2011

...


Anatole n'avait qu'un ou deux rêves à faire encore. Le dernier était déjà loin. Il n'en conservait qu'un émoi fugace, une ombre sur ceux qui l'avaient construit patiemment.
Anatole était désoeuvré depuis deux jours. Il se levait, ébauchait un mouvement de claquettes et s'écroulait lourdement, les fesses sur le coussin au centre de la pièce. Ce rond le rassurait... c'était sa chambre, sobre et confortable. Une fois, il avait décidé un ami d'y séjourner. Celui-ci s'était contenté d'un bref coup d'oeil désapprobateur, d'un: "encombré, non!" et avait laissé là Anatole, un peu vexé tout de même.
Anatole n'avait pas seulement cette pièce. Il adorait voyager dans le couloir, la salle de bains surtout avec les lézards qui couraient le long des murs.
Anatole manquait d'imagination. Il restait là sans mouvement intérieur, pas un hiatus, un visage immobile avec une vague expression satisfaite.
J'ai pas pu. Je l'ai quitté. Je pouvais tout supporter les lézards, les silences mais le coussin car il faut que je dise que le coussin c'est moi qui le réparais... Tout le temps, à force, je n'ai plus trouvé le fil adéquat, celui qui résistait sept fois.
Anatole s'est fâché. On s'est regardé et j'ai vu à travers lui le coussin dans l'oeil gauche, le fil dans celui de droite et là j'ai pas pu.


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